[Background] Twilight Liink

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mon background est en fait inclus dans mon rp de départ de Sarwyen, dont le début est ici :
https://rodeursarwyen.1fr1.net/Histoires-sur-les-terres-argentees-c8/Le-domaine-des-rodeurs-de-Sarwyen-c10/L-observatoire-du-7eme-ciel-f36/changements-t883.htm
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** Depuis la décision qu'il avait prise voilà deux jours, Twil avait parcouru les terres argentées, distribuant tout ce qu'il avait entassé dans son coffre fort depuis qu’il était rôdeur, rendant service à tout ses amis qui le souhaitait. C’est aujourd’hui, dans quelques heures, quand il fera nuit, que l’elfe ira faire ses adieux à son clan, avant de quitter Sarwyen pour Hyrule… Mais il restait une chose à faire, une histoire à raconter, un passé à confier.

Twil descendait l’un des deux escaliers internes en se demandant ou pouvait bien être celui qu’ils surnommaient le « Narrateur » en cette belle fin d’après-midi. Arrivé à la base de l’escalier, l’elfe fit basculer la paroi qui donnait sur l’extérieur et put respirer avec plaisir l’air frais qui s’engouffra dans ses narines…

Par chance, le Narrateur avait passé son après midi à flâner dans la forêt de Barla et il était là, à une trentaine de mètres de la clairière des ambassadeurs, assit sur une souche, observant un trio d’écureuils qui semblaient jouer à « chat ».

Twil s’approcha doucement de lui, regardant aussi la course poursuite à laquelle se livraient les petits animaux.**

** Sans quitter le spectacle des yeux, le Narrateur prit la parole : **

Enfin... Tu as mis du temps à te décider, mais tu viens finalement me voir... J'avais finis par croire que cela n'arriverait jamais, que tu partirais sans rien laisser de toi ! Twil, tu es là pour me raconter des choses, n'est ce pas ?

** Sur ces dernières paroles, il tourna son visage sombre vers l'elfe **

** Twil avait en effet attendu la fin pour rendre visite au confident du clan, il n'avait jamais eu l'envie auparavant **

En effet, je suis là pour faire ce que j'aurais du faire il y a longtemps... Je m'en excuse, je ne sais pas pourquoi mais je n'ai jamais trouvé la motivation, l'envie pour me confier à toi auparavant... Maintenant que ma décision est prise, je vais te conter tout ce que j'ai vécu, en remontant aussi loin que ma mémoire me le permet, jusqu'à mon arrivée dans le clan...

** Les écureuils avaient quitté le sol pour se poursuivre dans les arbres, tournant autour des troncs, passant de branches en branches en exécutant de joyeuses cabrioles. Twil avait donc toute l'attention de son interlocuteur. Il s'assit en tailleur, face à lui. **

Es-tu bien installé ? Mon histoire est assez longue...

** Comme le Narrateur s'était tourné vers lui et qu'il semblait satisfait de sa position, Twil commença son récit, s'arrêtant parfois pour reprendre son souffle ou simplement savourer la tranquillité des bois, pauses qui ne semblait pas déranger son interlocuteur. **


Commençons par ma naissance, bien que mes premières années soient les seules dont je ne garde aucune trace...

Je suis né voilà un siècle et trente années, je ne sais où, probablement sur les terres d'Hyrule... Je n'ai jamais connu mes parents, la seule "personne" qui les a connu ne les a vu que quelques secondes... Je vais t'expliquer comment cela s'est déroulé, enfin ce qu'on m'en a dit, après tout je suis là pour ça.

Il y a 130 ans, un couple d'Hyliens, c'est à dire d'habitants originels d'Hyrule, s'introduisent, à l'aube, dans un village endormi, niché au coeur d'une forêt... Ce village, c'est le village Kokiri, la forêt, c'est la forêt Kokiri et le peuple qui vit dans le village, ben ce sont les Kokiris, naturellement. Au fond du village, un peu isolée, il y a une grande clairière, c'est là que se dirige le couple. Dans cette clairière, haut comme un donjon, large comme un château et endormi, siège le Vénérable Arbre Mojo.

** L'elfe scruta le visage du Narrateur, essayant d'y déceler une éventuelle trace de moquerie : il n'avait jamais raconté cela à personne et il aurait détesté qu'on se moque de lui. Mais l'étrange homme, au visage bienveillant, restait impassible. **

Le Vénérable Arbre Mojo est une sorte... d'ent, oui, voilà, un peu comme les ents agés de la forêt de Barla, mais en beaucoup plus agé justement et surtout, en beaucoup plus imposant. Cet arbre est la source du mana qui circule en moi et en certains Hyliens, c'est aussi un être d'une rare sagesse, très intelligent et ayant vu beaucoup de choses durant sa longue existence... C'est surement pour cela que mes parents, si ce sont bien eux, l'on choisit pour me recueillir, il est connu et respecté dans tout le royaume d'Hyrule. Mes parents ont cru qu'il dormait lorsqu'il m'ont déposé entre deux de ses racines, mais si ses yeux verdâtres étaient clos, il ne dormait pas, il ne dort jamais... Il a ouvert les yeux pour voir les deux Hyliens s'en aller comme ils étaient venus, c'est le seul témoin de mon arrivée dans le village Kokiri, où j'ai passé toute mon enfance. Un mot m'accompagnait dans le panier d'osier où je dormais. il était écrit, d'une écriture fine et serrée, le nom que j'ai porté pendant si longtemps, "Liink".

** Twil s'arrêta, la gorge sèche **

Si j'allais chercher de l'hydromel, hum ? Tout cela me donne soif.

** Heureux que l'elfe se dévoile enfin, l'homme écoutait attentivemment son récit, gravant cette histoire dans sa mémoire gargantuesque. Il ne refusait jamais un verre d'hydromel et il n'était pas pressé, il s'empressa donc ( enfin, s'empresser, si cela lui était possible, disons qu'il ne mit pas longtemps ) de répondre. **

Fais donc, je revois ces chers écureils, j'ai de quoi m'occuper !

** Rieur, il fit un clin d'oeil à Twil et regarda, toujours aussi émerveillé, les animaux tourbilloner autour d'un arbre. **

** Il trottina jusqu'au premier palier de la cité, désert à cette heure, personne n'était encore rentré de la chasse, il prit deux verres, une grande fiole d'hydromel, un petit bol et il ressortit, après avoir dévalé les escaliers. Il alla cueillir une vingtaine de baies qu'il mit dans le bol, puis il retourna auprès du Narrateur, qui était de nouveau plongé dans son étude forestière. Il s'installa, versa de l'hydromel dans les deux verres, savoura quelques baies et une longue gorgée du délicieux brevage puis, alors qu'il avait de nouveau l'attention du Narrateur qui le regardait d'un air tranquille, il reprit son récit. **

Mon enfance, donc... Banale, faite de jeux simples et merveilleux avec les enfants de mon âge, des Kokiris...Ces fameux Kokiris, pour préciser, ce ne sont en fait qu'un peuple d'Hylien... Les Hyliens ressemblent beaucoup aux elfes, oreilles pointues, peu corpulents, taille assez élevée... Mais point de fameux sang elfique. Cependant, la différence doit être subtile, car on me considère comme un elfe depuis mon arrivée sur ces terres, j'ai même fini par me voir comme tel, mais pourtant, je pense bien être un simple Hylien.

J'ai vécu dans l'insouciance pendant de longues et paisibles années, une cinquantaine environ, jusqu'à ce que le mal, la tuerie, les batailles, débarquent sur le royaume d'Hyrule, qui n'avait pas connu d'invasion depuis six siècles. Ce n'était pas une invasion organisée, fort heureusement pour nous, mais elle déclencha une guerre qui dura précisement cinquante deux ans : j'entrais dans une période tout à fait différente de ma vie. Après avoir vécu sur les terres argentées, j'identifierais nos envahisseurs comme des petits orcs, robustes et se déplaçant en groupe, en clans... Ces créatures étaient assez habiles à l'épée et à l'arc, ainsi qu'à la hallebarde pour les plus grands et forts d'entre eux. Pendant d'interminables années, c'est toute une civilisation de ces êtres qui passa dans notre royaume, clans par clans, car Hyrule est entouré de hautes et dangereuses montagnes et les différents clans ne communiquaient pas entre eux...

Lorsque le premier clan arriva, la garnison du château d'Hyrule fut envoyée dans la plaine. Elle remporta la victoire, mais les troupes, déjà peu nombreuses en ces temps de paix, avaient été décimées. Commença alors le recrutement, organisé par le roi, au grand dam de sa fille, la princesse Zelda, qui jugeait qu'envoyer des hommes inexpérimentés au combat revenait à les faire exécuter. Mais la population, enthousiaste, se mobilisa et il vint des gens de tout le pays. Ceux qui étaient trop jeunes ou trop vieux pour combattre s'installèrent autour du château, protégé par l'enceinte fortifiée de la ville qui s'étalait à ses pieds. J'étais évidemment venu pour me battre, avec mes compagnons, et nous étions assez âgés pour faire partie des combattants.

** L'elfe s'arrêta, le regard perdu dans le vide... Tout était clair dans sa tête, les souvenirs d'Hyrule semblaient impérissables... Il finit son verre et chercha les mots adéquats pour narrer cette période mouvementée de son existence. **

Commença alors, pour les 500 hommes en état de guerroyer, une période d'entraînement intensif. Pendant 2 ans, alors que trois clans d'orcs s'étaient installés dans les montagnes, nous passions chacune de nos matinées à combattre à l'épée, toutes nos après midi à tirer à l'arc et à chevaucher et toutes nos soirées à pratiquer des exercices de camouflage et de discrétion. Il ne se passait pas un jour sans que la princesse Zelda ne vienne nous voir, inquiète aux débuts puis impressionnée par nos progrès constants. Je n'avais pas le temps de la connaître, mon esprit étant remplit de stratégies guerrières et de techniques plus compliquées les unes que les autres, mais l'intelligence et la bonté qui émanaient de cette personne me fascinaient.

Au terme des ces deux longues années, nous étions devenus de vrais soldats et les lueurs des feux de nos ennemis, qui brillaient au loin, au flanc des montagnes, étaient pour nous des provocations. Nous ne pouvions les laisser plus longtemps occuper des lieux qui appartenaient à nos bergers, pauvres hommes que ces créatures avaient tuées à leur arrivée.

Cela faisait 800 jours que les "envahisseurs verts", comme nous les appelions, étaient entrés dans notre vie. Une épée à nos côtés, un arc et un carquois en bandoulière, cotte de maille légère et capuchon noir rabattu sur notre tête, nous attendions, bataillon de 100 hommes formé pour ce premier raid, le signal de notre commandant. La nuit était noire, la lune masquée par les nuages, parfait, cette meute ne verrait pas le jour.

Oui, une meute, en ce temps-là je considérais ces êtres comme des animaux particulièrement féroces et encore, j'avais les animaux en grande estime mais eux, je les haïssais. Un hululement dans l'obscurité de la forêt où nous sommes tapis, en bordure du campement ennemi. Le signal. le plus silencieusement possible, nous jaillissons du couvert des arbres, gravissant la pente en courant, encochant une flèche. A 30 mètres des premières huttes, second hululement, notre première ligne stoppe, s'accroupit. Les cordes se tendent, dernier signal et le sifflement des flèches précède l'effondrement d'une vingtaine de guetteurs qui étaient, 5 secondes auparavant, debout autour de 3 feux de camp. Nous continuons notre avancée meurtrière, tuant d'une flèche les orcs traînant dans le campement. Arrivés aux tentes, 100 épées sortent de leur fourreau, nous nous glissons dans les huttes pour tuer leurs occupants endormis. Certains, alertés par le bruit, tentent une résistance mais, déjà supérieurs en nombre, nous en venons vite à bout. Cette première opération est une réussite, nous brûlons les corps et les habitations et revenons victorieux dans la cité fortifiée, acclamés par la population qui attendait notre retour.

Le lendemain, le clan le plus proche du lieu où a eu lieu le combat de la veille lève le camp et vas s'installer dans la plaine. C'était prévisible, ils n'allaient pas attendre de subir le même sort que leurs congénères. Nous préparons un nouveau plan, nous observons ces orcs qui sont devenus plus méfiants et, 2 mois plus tard, une nouvelle nuit sanglante se prépare. Derrière le pont-levis, 200 cavaliers, dont moi, attendent l'affrontement, une torche dans une main, une épée dans l’autre. Le panneau de bois s’abaisse dans un cliquetis de chaînes et nous lançons nos montures au galop en direction du rassemblement de tentes, quelques centaines de mètres plus loin. Les orcs se réveillent, prennent les armes mais nous chevauchons déjà en cercle autour d’eux et les tentes s’embrasent au rythme du lancer de nos torches. Dans cette bataille, nous perdons une vingtaine d’hommes pour tuer 10 fois plus d’opposants.

Pendant 50 ans, nous vivrons ces scènes une centaine de fois, de la simple escarmouche en montagne au siège du château. Nous perdons peu d’hommes à chaque fois, et les enfants hyliens grandissent, venant grossir les troupes, mais le nombre des batailles épuise nos rangs. Ainsi, après 50 ans de guerre, nous ne sommes plus qu’une quarantaine de soldats et nous pensons être venus à bout du peuple orc. Pendant les accalmies, entre deux affrontements, j’apprend à connaître Zelda et nous devenons de très bons amis. Par un malheureux hasard, le commandant et ses successeurs meurent au combat. Ayant fait mes preuves, j’ai l’immense honneur d’être nommé à la tête du reste des troupes.

Il s’avère que nous nous trompons, une dernière famille d’orcs s’installe dans les contreforts de la montagne, tuant les paysans qui, croyant le danger enfin passé, avaient repris leurs activités. Il ne sont qu’une cinquantaine. En plein jour, à cheval, nous allons à leur rencontre, nous leur laissons le temps de s’armer. Les hommes qui sont à mes côtés sont sortis victorieux de tant de batailles qu’aucune peur ne se lit sur leur visage. Ils sont sereins. Nous chargeons. Par chance, ces orcs n’ont pas d’arcs, nous en tuons la moitié lors de l’assaut. Je descends de ma fidèle jument, Epona et, entouré de mes compagnons, je livre mon dernier combat en terre d’Hyrule.

**Fatigué de conter ces récits sanglants, Twil s’allonge dans l’herbe fraîche et ferme les yeux quelques instants.**

** Toujours allongée, il ouvre les yeux, fixant la canopée, et reprend l'histoire de sa vie. **

Après cette dernière altercation, la vie reprit son cours en Hyrule, paisiblement. Un poste de garde fut installé dans les hauteurs, occupé par 3 anciens bergers qui pouvaient par la même occasion veiller à ce que les bêtes sauvages n’attaquent pas les troupeaux. Je redevins un simple Hylien et les soldats reprirent leurs activités artisanales.

Deux choses cependant avaient changé : j’étais maintenant un peu connu et, ma foi, ce n’était pas désagréable, les gens me montraient beaucoup de respect et d’attention. Mais, surtout, je passais le plus clair de mon temps en compagnie de Zelda, pour mon plus grand bonheur. Nous étions devenus de vrais amis, nous passions nos journées à tirer à l’arc pour savoir lequel était le plus habile, ou à lancer nos montures dans un galop effréné avant de s’arrêter au bord d’un ruisseau et d’y discuter jusqu’à la tombée de la nuit. La princesse était aussi magicienne et, en sa compagnie, j’appris pour la première fois à libérer et exploiter le mana qui circule en moi. Ce n’était au début que de petites étincelles puis, avant mon départ, j’arrivais à allumer un feu, à lancer des flèches par magie.

Avant mon départ, oui, car ma soif d’aventure, qui avait été satisfaite pendant un demi-siècle d’escapades guerrières, reprenait le dessus. J’étais heureux en Hyrule mais les journées se ressemblaient toutes et, après avoir sillonné le royaume pendant 20 ans au côtés de la princesse, j’en connaissais le moindre recoin.

Zelda avait senti mon besoin d’évasion, la lassitude qui se lisait parfois dans mon regard, et elle accepta ma décision sans broncher, même si, à partir de ce moment et jusqu’à mon départ, un voile de tristesse s’était déposé sur son visage.

Je fis mes adieux à tout les Hyliens qui avaient fait parti de ma vie, en terminant par le Roi et, bien évidemment, par Zelda. Je m’attendais à un « prends soin de toi » ou quelque chose dans ce genre mais elle se contenta de me fixer, pendant de longues minutes, ses grands yeux noirs exprimant milles émotions à la fois. Un peu bouleversé, je sortais du château, traversais le pont-levis et tournais la tête une dernière fois vers cette cité où j’avais tant vécu. Elle était là, sur le chemin de ronde et elle me regardait. Ses lèvres bougèrent et je pense avoir lu « reviens-nous, prends ton temps, mais reviens nous ». J’avais appris à lire sur les lèvres mais, à cette distance, je ne peux être sur. Attristé mais résolu, un sac rempli de victuailles sur le dos, quelques affaires dans un sac de toile attaché à Epona, mon épée à mon côté, je me dirigeais vers les montagnes, quittant pour la première fois cette terre merveilleuse dont la légende raconte qu’elle a été crée par trois fées…

** Twil se remit en tailleur et fixa le Narrateur qui, bien que ses yeux fixaient une souche d’arbre, ne semblait pas avoir perdu une miette de récit, car il tourna instantanément la tête vers l’elfe dès que celui-ci se tus.**

En effet, nous allons bientôt en arriver là...

Après avoir traversé les montagnes Hyliennes, je découvris, en quelques années, une dizaine de contrées et de peuples. Je restais à chaque fois quelques mois parmi eux. Je rencontrais beaucoup de gens mais je ne me liais réellement d’amitié avec aucun d’entre eux. Je repartais donc à chaque fois, après avoir refait le plein de provisions, vers de nouvelles terres. C’est ainsi qu’un jour, après 6 années de voyage, j’arrivais aux portes des terres argentées. La première personne que je rencontrais me prit pour un elfe. On m’envoya vivre, ou plutôt survivre, parmi eux. Sarwyen se révélait être un monde peuplé de créatures dangereuses. Dans cette province elfique, il y avait un village où l’on vendait des potions étranges… Grâce à ces potions, un mage pouvait utiliser son mana de façon beaucoup plus intensive, car le breuvage permettait de se ressourcer. Je choisis donc de me défendre, de me nourrir en utilisant mon mana. Après quelques mois de chasse, car je passais la quasi totalité de mes journées à chasser, je rencontrais un vieillard qui me permit, par je ne sais quel magie, de sortir de cette province pour arriver sur une terre beaucoup plus vaste, Kedrok.

Bien qu’en cet endroit la vie se révéla beaucoup plus dangereuse qu’auparavant, je l’appréciait d’avantage pour la diversité des races qui y vivaient. Pour la première fois de ma vie, je voyais autre choses que des races d’hommes et d’elfes et j’en étais ravis. Il s’avéra que la population était en majeure partie divisée en clans farouchement opposés pour certains. Il n’était pas bon de se retrouver seul au milieu de ces êtres assoiffés de sang, j’en fit rapidement l’expérience. Je me cherchais donc un clan, chose aisée grâce au nombre d’annonces de recrutement placardées dans la ville principale, bourgidus. Ville où j’appris d’ailleurs à perfectionner l’utilisation de mon mana, me voyant ainsi attribuer le titre honorable de sorcier. J’étais considéré comme un elfe, ainsi, l’annonce du clan nommé « l’alliance elfique » me parut alléchante, leurs intentions me paraissant tout à fait louables.

Je leur fit part de ma motivation et, après 2 entretiens, ma candidature fut retenue. J’étais satisfait et ma vie dans ce clan, pendant quelques semaines, fut agréable. Cependant, cela n’allait pas plus loin. En discutant dans les tavernes de bourgidus, j’appris que le monde de Sarwyen était vaste et que je n’en avait exploré qu’une petite partie. Il semblait y avoir tant d’habitants sur ces terres, tant de personnalités différentes que je sentais que j’allais passer ici plus de temps que dans les autres contrées où je m’étais aventuré. Mais la voie que j’avais choisie, le clan dont je faisais parti, tout cela n’était pas épanouissant pour moi. La lecture des grimoires me lassait et les membres de l’alliance elfique n’était pas, pour la plupart, très bavards. Je les quittais donc, après de brefs adieux et je retournais aux frontières de ce royaume pour réfléchir tranquillement, loin des batailles, du bruit et des meurtres…

**Twil fit une dernière pause, avant de terminer son histoire, avant de faire ses adieux.**

Pendant quelques semaines, ma vie fut des plus tranquilles. J’apprenais à vivre parmi les animaux de la forêt où j’avais élu domicile, me nourrissant de baies et d’animaux blessé, lapins ou oiseaux, que je découvrais au hasard de mes promenades. Je répugnais en effet à chasser avec la magie, ce mode de combat ne me convenant décidemment pas. J’utilisais mon mana pour la cuisson et le chauffage mais cela s’arrêtait là. J’avais repris l’entraînement à l’épée et je regrettais de ne pas avoir emmené un arc. Au bout d’un mois, je me sentais prêt à revenir parmi le peuple de Sarwyen, ne sachant quel voie d’arme j’allais choisir mais sachant que je voulais un clan des plus vivants, où je pourrais m’épanouir. Ma dernière nuit dans les bois fut cependant beaucoup plus agitée que je ne l’aurais cru…

Je n’avais pas encore rencontré d’animal plus menaçant qu’un renard dans cette forêt mais ce soir là, alors qu’un doux fumet s’échappait du lièvre que je faisais cuir, j’entendis un long hurlement, suivit d’un autre, puis un chœur entier de cris animaux… Des loups. Je n’en avais jamais réellement rencontré, les ours étant les seuls prédateurs en Hyrule, mais j’en avais longuement entendu parlé. Légèrement inquiet, je mangeais lentement, attentifs à la progression de la meute à travers les bois. Nouveaux hurlements. Cette fois-ci, pas de doute, ils se rapprochaient. Je m’étais levé pour rassembler mes affaires et sortir de cette grande clairière où je ne pouvais me réfugier en hauteur. Je trottinais vers les arbres quand je les aperçus. Deux grands yeux qui me fixaient dans la nuit qui était tombé plus vite que je ne l’aurais cru, puis deux autres yeux, puis quatre, puis quatorze qui m’entouraient et enfin, les longs corps noirs qui accompagnaient ces sphères brillantes. Septs loups. Je reculais dans la clairère, vers le tas de bois que j’avais utilisé auparavant, je déposais mes affaires à côté tandis que la meute m’encerclait. Lorsque je mis le feu aux bûches, aucun ne recula, mais ils s’arrêtèrent à une distance raisonnable. Bien, et après ?

J’aurais pu utiliser mon mana pour les brûler un par un, ou en attaquer un pour pouvoir prendre mon épée et les combattre, mais cela ne me vint même pas à l’esprit. Ils étaient trop beaux, trop majestueux pour que j’ose leur faire du mal. Ils me fascinaient et j’avais aussi l’air de les intéresser, à la façon dont ils me dévisageaient avec attention, mais probablement pas pour la même raison…

J’attendis donc qu’ils se lassent, n’osant pas m’asseoir, jetant des coups d’oeils furtifs derrière moi pour surveiller mes arrières, brûlant l’herbe devant moi lorsqu’un d’eux tentait une approche. Pendant un temps qui me parut une éternité, probablement pas plus de 7 heures, car le jour ne s’était pas levé quand cela prit fin, je piétinais, attendant leur attaque. Cela prit fin, mais pas grâce à moi. Au bout d’un moment, j’étais tellement épuisé par mon utilisation de mana et ma vigilance forcée que je tombais à genoux, ne tenant plus sur mes jambes. L’un d’eux, celui qui était jusqu’à alors resté le plus en retrait, s’avança vers moi, prudemment. Je levais la paume mais mon effort eut pour seul effet de réchauffer l’herbe. La bête, d’un splendide gris argenté immaculé, s’avança vers moi jusqu’à ce que je sois à portée de pattes. Je la regardais, hypnotisé. Il y avait dans ses yeux quelque chose de mystérieux, d’étrangement humain qui me captivait. Elle s’arrêta devant moi et se dressa sur ses pattes arrière. Je fermais les yeux, attendant le coup de griffe ou de croc. Mais il ne vint pas.

Une lueur émeraude, aveuglante, m’éblouis quand je rouvris les yeux. Au bout de quelques secondes, ce que je pus enfin distinguer me stupéfia. Un homme, ou un elfe, on ne le saura jamais, se tenait face à moi, tenant fermement un bâton de bois noueux au bout duquel brillait une pierre en forme de pomme de pin, à l’origine de la lueur. L’être, de petite taille, me dépassait à peine alors que j’étais à genoux. Il portait une tunique aux couleurs forestières qui lui couvrait tout le corps, serrée à la ceinture par un fil qui semblait d’or. Une sorte de béret coiffait son visage élégamment barbu où deux yeux perçants me fixaient. Il avait un air mi-amusé, mi-grave. Abasourdi par cette apparition et par le respect qu’elle semblait imposer aux autres loups, qui étaient couchés dans l’herbe, presque endormis, je ne pu que prononcer un bref « merci ». Il me releva et m’emmena, d’un pas tranquille, dans la forêt.

Il m’expliqua d’abord qui il était, jadis un grand mage qui avait choisi la solitude pour finir sa vie et qui, depuis de nombreuses années, errait en bordure des terres argentées, parfois avec « sa » meute, parfois seul, profitant du calme qui lui était offert pour méditer et perfectionner sa maîtrise des enchantements. Il savait depuis longtemps se transformer en loup et aussi, il m’en fit la démonstration, en renard et en aigle. Impressionné serait un bien petit mot, j’étais sans voix. Il m’avoua qu’il m’espionnait depuis mon arrivée et que cette nuit, j’avais passé avec succès une sorte de test. Il avait remarqué ma répugnance pour le meurtre lâche d’animaux et il m’avait poussé dans mes retranchements pour voir mes limites. Il me fit part de sa joie devant mon absence d’agressivité et enfin, très solennellement, il m’expliqua qu’il allait me transmettre un fragment de son savoir…

Deux jours plus tard, je savais me transformer en loup et je quittais ce curieux personnage et ses fidèles mais dont j’avais appris le langage. Je repartais vers les terres argentées, fier de ce pouvoir qui m’ouvrait la porte d’un univers fascinant, le monde animal… Sur le chemin menant à Kedrok, je remarquais, dans un bois, gravé sur un arbre, l’inscription qui allait changer ma vie. Ce clan, ces « Rôdeurs de Sarwyen », voilà ce qu’il me fallait. Leur description me faisait rêver… Coureur des bois ? Plus que vous ne le pensez amis archers ! je leur faisait savoir, non pas ma motivation, mais ma joie de les avoir trouvé. Comment oublier ce jour ? Je me souviens encore de la réponse d’Ertiope, cette orc, - oui, qui eut cru que la providence prendrait, pour moi, le visage d’une orc ? – aimait tellement les arbres qu’après que j’eu gravé ma candidature dans l’écorce de ce grand chêne, elle l’avait soigné ! Pour mon plus grand bonheur, ma postulation était accueilli à bras ouverts.

Je me ruais alors dans l’académie des rôdeurs et le maniement de l’arc me revint bien vite. Dès mon entrée dans cette cité des rôdeurs à côté de laquelle je suis en ce moment, je sus qu’un vrai bonheur m’attendait ici, différent mais pas moins appréciable que celui que j’éprouvais en Hyrule. Ces lieux étaient plein de vie, de personnes pétillantes et joyeuses, avec qui je passais des moments qui resteront gravés dans ma mémoire. Bien sur, ce n’était pas grand chose, de simples conversations, mais avec des gens d’exception, voilà pourquoi je me sentais si bien ici. Malheureusement, beaucoup de ces êtres sont partis ou… disparus. Aux membres de mon clan sont venus s’ajouter, au fil des rencontres que mon ascension dans le clan facilitait, d’autres personnes, mais là encore, beaucoup ont quitté ces terres…

** Twil s’allongea une dernière fois dans cette herbe qu’il chérissait temps et ils restèrent là, en silence, pendant de nombreuses minutes avant que l’elfe ne se lève brusquement. **

Maintenant, mon ami, c’est à mon tour de partir. Personne ne sais à quel point cela m'attriste de quitter ce lieu où j'ai l'impression d'avoir laissé une partie de mon âme... Enfin, je t’ai rapporté tout les souvenirs que j’ai pu rassembler et je souhaite partir aujourd’hui, ainsi, je m’en vais.

** Il tendit la main vers le Narrateur. **

** Sortant de sa torpeur, le Narrateur tourna la tête vers Twil et lui serra la main. Soit, il n'y avait apparemment rien à faire... il avait au moins livré ses secrets avant son départ, c'était déjà ça. **

Toi, ta personnalité, ton rôle dans ce clan et ton histoire, je ne vous oublierais pas, tu peux partir en paix... A mon grand regret...

** Il lâcha la main du rôdeur, croisa une dernière fois son regard puis fixa le soleil qui n'était plus qu'une ligne rougeoyante à l'horizon. **

** Twil regarda quelques instants l'astre du jour disparaître. **

Merci d'être là, de veiller sur ce clan...
Adieu, et prends soin de toi...

** Sur ces dernières paroles, l'elfe se dirigea à grands pas vers l'escalier escamotable, s'y engouffra, gravit une volée de marches et s'arrêta au premier palier. **