[Background] Ehluine. Vers le pays de toutes les races

Chapitre 1 : Le départ d'Ehluine

La centaure regardait vers l'horizon en direction du courant du fleuve qui formait une vallée. A ses cotés se trouvait un centaure plus petit qu'elle.

"Oui je dois y aller frêrot. Dis a tout le monde que je les aime et embrasse les bien fort de ma part."
Je n'ai pas la force de le faire moi même, se dit elle intérieurement.

Elle pris le centaure dans ses bras, le serra fort, et lui glissa un baiser sur le front. Elle avait la gorge serrée. Elle ferma les yeux puis démarra subitement, dévallant la pente, tout d'abord au trot en faisant un signe de la main en arrière.

"Ehluine !" cria le centaure alors que sa soeur s'éloignait.

Elle n'entendit pas la suite, elle était deja loin. Elle était triste mais à la fois heureuse de quitter cette contrée ou elle avait grandit paisiblement. Son jeune frêre qui venait de lui dire au revoir, sa famille, allaient lui manquer, mais elle partait enfin à l'aventure !

Cela faisait des années qu'elle avait envie de partir découvrir ce qui se trouvait en aval du fleuve. Elle avait beaucoup écouté d'histoires à propos d'autres pays, d'autres races. Ehluine se demandait à quoi pouvait ressembler les trolls, nains, orcs, félys, parmi tant d'autres dont on lui avait parlé, mais qu'elle n'avait jamais vu en réalité.

Elle se rappelait les dessins que d'autres centaures, revenant de ces pays, tracaient pour représenter toutes les merveilles qui existaient la bas. Elle avait fait des projets, avec son cousin alystas, de partir ensemble à l'aventure. Ils les répétaient souvent, imaginaient ce qu'ils feraient ensemble !

Et puis, quelques semaines auparavant, alors qu'elle lui rendait visite comme à l'accoutumée, elle avait apprit qu'il était parti, la laissant derrière sans lui avoir dit le moindre mot sur son départ. Elle avait été blessée d'apprendre cela, puis depuis cette date, avait doucement formulé le projet de partir elle aussi, et de le retrouver. Il aurait besoin d'elle ! se disait elle en galopant à coté du fleuve, souriante et heureuse d'enfin découvrir de nouvelles choses.

Elle arriva à un avant poste de son village, qu'elle évita soigneusement pour que personne ne sache tout de suite qu'elle partait. Elle traversa la bordure d'une forêt dans lequel le fleuve s'enfoncait, puis sortit à découvert. Elle etait souvent venue à la limite de ce territoire, pour rêver en regardant à perte de vue.

Elle s'arréta quelques instants pour reprendre son souffle, puis repartit au galop en criant.

"En avant, vers l'inconnu !"

Marcher seule pendant des heures sans rien de nouveau à découvrir avait quelque peu émoussé l'excitation de son départ. Ehluine longeait le cours d'eau et de temps en temps quelque animal se montrait, fuyant devant ses sabots car elle n'essayait pas de se faire la plus discrète qu'elle pouvait. Si elle rencontrait des mauvaises rencontres, elle saurait se défendre, se disait-elle. Elle avait emporté la dague que son frêre lui avait fabriquée et offerte à son dernier anniversaire.

Elle avait marché une journée entière, s'arrêtant au crépuscule pour s'abriter au creux d'un arbre et y passer la nuit. Elle avait emporté des provisions pour trois jours. De toute facon, d'après les histoires qu'on lui avait conté, les contrées où elle se rendait n'étaient pas inhabitées et pas si éloignées que cela. Elle dégusta quelque galettes qu'elle fit griller sur un feu et se blottit, repue, contre l'arbre pour dormir.

A peine quelques minutes après s'être endormie, un bruit la réveilla. Elle se redressa, les sens en alerte.

"Ne vous inquiétez pas, je ne vous veux pas de mal" dit une petite voix venant de l'ombre.

Ehluine aperçut une forme d'allure petite qui s'approcha de son feu, celui-ci donnant encore un peu de lumière car elle l'avait laissé mourir naturellement. La forme envoya un éclair intense vers le feu qui se ralluma instantanément. Ehluine eut un mouvement de recul.

"N'ayez pas peur, ce n'est que de la très simple magie."

L'humain, car il ressemblait à un humain, n'avait effectivement pas l'air très dangereux. Il était vêtu d'une cape de couleur sombre munie d'une capuche qu'il enleva pour révéler son visage.

"Puis je avoir quelque chose à manger ?" lui demanda t'il.

A peine avait-il prononcé ces mots qu'il s'évanouit soudainement dans les bras de la centaure.

Ehluine recut l'étranger dans ses bras. Il n'était pas bien lourd pour la centaure. Elle le porta près du feu pour observer son état. Comme ses jambes étaient étranges ! Il n'en possèdait que deux et elles formaient une partie basse de son corps bien ridicule, se dit-elle. C'était la toute prèmiere fois qu'elle voyait un humain et les descriptions qu'on lui avait racontées n'avaient pas empêchée sa surprise.

Il avait une mine blanchâtre. Elle apercut qu'il était blessé sur le côté de son torse. Il avait un bandage mal fait d'une couleur qui indiquait une forte perte de sang. A son front brûlant, elle comprit aussi de suite qu'il avait une forte fièvre.

Ehluine mis de l'eau à chauffer et fouilla dans ses affaires pour prendre un de ses habits qu'elle déchira pour en faire de longs morceaux. Elle avait quelques rudiments en soins qu'elle avait apprise parmi les femmes de son village. Il fallait lui refaire son bandage et lui préparer un breuvage pour faire tomber sa fièvre. Heureusement, elle avait emmené des herbes avec elle.

Après lui avoir refait son bandage et fait boire un breuvage brulant goutte à goutte car il était encore inconscient, elle le couvrit de ses propres couvertures, et retourna se coucher près de l'arbre. De temps en temps, cette nuit la, elle se réveilla, et alla verifier si la respiration de l'homme était toujours constante. Elle le veilla ainsi la journée suivante, sans qu'il ne se réveille.

Chapitre 2 : Les contes pour enfants

La seconde nuit, enfin, il émergea et ehluine lui porta déja quelques aliments à manger dès qu'elle le vit réveillé. Il était affamé, il n'avait pas mangé depuis déja plusieurs jours et dévora la nourriture que la centaure lui présentait. Elle souriait de le voir avec autant d'appétit.

L'étranger mangea en silence, pendant plusieurs minutes, sans dire un mot, juste quelques signes de tête et sourires à l'intention d'Elhuine. Quand il fut rassasié, il posa sa nourriture et Ehluine lui apporta une tisane brûlante contenue dans une gourde de cuir.

"Faites attention de ne pas vous brûler" dit elle avant d'aller se rassoir à distance de lui.

L'homme but quelque gorgées, se recula, et prononca enfin des paroles. Il parlait lentement et on sentait qu'il cherchait ses mots.

"Merci belle étrangère. Mille fois merci pour tes soins, tu m'as probablement sauvé la vie, vu l'état dans lequel j'étais lorsque je t'ai rencontrée. Je te dois des explications, c'est la moindre des choses pour te remercier."

L'homme posa la gourde à ses cotes et poursuivit.

"Je me nomme Elianor. Dis moi, que connais tu des autres races qui existent dans le monde ? Aussi, j'aimerai connaitre ton nom avant de poursuivre mon histoire."

La centaure lui répondit de suite.

"Mon nom est Ehluine. Pour repondre à ta question, je connais les histoires que certains racontent, mais la vérite est surement déformée et embellie dans ces histoires. Beaucoup chez nous disent que ce ne sont que des contes pour les enfants et que toutes ces races n'existent pas !"

Elianor sourit.

"Des contes pour enfants ! C'est amusant. Tu as surement remarqué que je ne suis pas comme toi. Tu as du trouver ridicules mes courtes jambes lorsque tu m'a vu la premiere fois non ?"

Ehluine ne dit rien pour montrer qu'il avait raison. Cet étranger lisait décidement bien dans ses pensées et cela la génait.

"Cela suffit j'espère à te convaincre de la vérité de la plupart de ces histoires pour enfants. Il y a dans nos terres huit races douées de paroles, de facon plus ou moins avancées il est vrai. Chacune a des particularités propres. D'ailleurs chacune a son language propre. Excuse la facon dont je te parle, j'utilise mes connaissances de language centaure, qui ne sont pas si bonnes que je le voudrai."

Elianor fit une pause, réflechissant à ce qu'il allait dire, avant de poursuivre.

"Tu es une centaure, la seule race parmi les huits etant quadrupède ... possédant quatre jambes", précisa t'il en voyant qu'elle n'avait pas compris le mot.

"Toutes les autres races possèdent deux jambes et deux bras. Les elfes sont sûrement les plus anciens, tu les reconnaitras à leur corpulence assez fine, et quelques traits caractéristiques de leur visage et oreilles. Les humains ressemblent aux elfes pour un oeil non averti. Mais ils sont plus trappus et également moins grand en général. Les nains sont une race bien plus petite, et si tu en croises un apres avoir connu des elfes ou humains, tu ne risques pas de te tromper !

Ces trois races ont peu de cheveux sur leur corps. La race des félys quand à elle, est très velue. Peut être as tu déja apercu un chat ? Les félys sont de forme humaine mais ils ont des traits très similaires aux chats.

Viennent ensuite les orcs, les saurus et les trolls qui sont presque des géants. La plupart sont mauvais, mais comme toute chose, il ne faut jamais généraliser."

Ehluine posa une question qu'elle s'était retenu de poser à Elianor depuis un moment déja.

"Et vous, de qu'elle race êtes vous ?" lui dit elle. Elle était génée du ton direct qu'elle avait employé.

"Qu'en penses tu ?" répondit il avec un sourire amusé.

Ehluine le dévisagea, et réfléchit à ce qu'il venait de lui raconter sur les huits races existantes.

"Vous êtes d'une petite taille par rapport à moi, mais j'avoue que je ne connais pas les critères de taille qu'ont les autres races. Vous êtes ...

... elle hésita quelques instants ...

"sûrement un humain, ou peut être un nain ?"

"Tu n'es pas très loin, mais mon cas est un peu plus compliqué que cela ! Je suis ce que certains nomment un semi-nain, issu de l'union d'un nain et d'une elfe."

Ehluine ne put s'empêcher de lacher une exclamation de surprise. Elle n'avait jamais imaginé qu'il était possible que des mélanges de races se produisent. Jamais elle n'avait entendu parler d'une telle chose.

"Tes contes pour enfants ne parlent pas des semi-nains à ce que je vois. Ma mère était native d'Elfira, le royaume des elfes, et mon père a toujours vécu sur Kedrok. Il était forgeron à la ville de Bourgidius. L'union d'un nain et d'une elfe est très mal vu tu sais. Ils ont du cacher leur relation des années durant, jusqu'à ma naissance."

Elianor continua à parler jusque tard dans la nuit. Il lui raconta la vie de ses parents. Comment ils avaient du s'enfuir après sa naissance, car la malveillance des habitants de Bourgidius était trop forte pour être supportable. Ils avaient essayé de rejoindre la contrée d'origine de sa mère sur Elfira, mais son père en tant que nain n'avait pas eu le droit d'y mettre le pied.

"En effet, chaque race possède un pays séparé, sans mélange aucun ! comme le tien ici à Centauria. Tu n'as surement jamais vu aucune autre race car tu as vécue ici à Centauria. Mais il se fait tard, nous continuerons cette discussion demain si tu veux bien, reposons nous pour ce soir."

Chapitre 3 : L'apprentissage d'ehluine

Il s'avéra que l'état d'Elianor était plus grave qu'il n'y paraissait à première vue. Le lendemain, il était encore incapable de marcher tout seul. Voyant cela, ehluine avait décidé de retarder son départ pour le pays de toutes les races, et de rester jusqu'à ce qu'Elianor soit rétabli.

Le semi-nain lui avait expliqué que sa blessure était le fait des centaures qui gardaient son pays, Centauria. Ceux-ci avaient pour tâche de ne laisser entrer personne, et elle compris également, que sauf exceptions rarissimes, les centaures ne pouvaient pas non plus quitter la vallée sans autorisation pour passer ce poste de garde...

Le soir de notre rencontre, j'avais hésité à te rejoindre, tu sais, lui déclara t'il au cours du repas qu'ils partageaient ce soir là.

Il regarda la centaure avec un sourire.

Je ne savais pas si tu me tuerais toi-même, ou si tu me livrerais aux gardes du village-frontière. Mais après t'avoir observée quelques temps, j'ai décidé de tenter ma chance.

Ehluine avait sourit à ces paroles. C'était presque comme un compliment pour elle de savoir qu'il lui avait fait confiance presque tout de suite.

Apres qu'Elianor lui ait expliqué l'existence des gardes ce matin là, elle avait décidé de trouver un endroit plus à l'abri pour lui, si jamais ces gardes étaient à sa recherche. Elle l'avait donc laissé le temps de trouver un meilleur abri, et elle avait découvert l'entrée d'une grotte, qui, couverte de branchages, faisait maintenant une excellente cachette. Elle l'avait ensuite soutenu pour qu'il puisse faire tout le trajet jusqu'à la grotte, et ce soir là, ils étaient enfin à l'abri pour passer la nuit.

Ehluine s'endormit facilement cette nuit là mais son sommeil fut agité. Ses rêves furent traversés par des images de gardes centaures immenses la poursuivant alors qu'elle voulait quitter sa contrée d'origine.

Au petit matin, elle fut réveillée par un rayon de soleil qui, traversant les branchages, se posa sur son visage dans le coin de la grotte où elle avait installé sa couche. Elianor de son côté dormait encore.

Elle se leva discrètement et sortit pour observer alentour. La veille, quand elle avait découvert l'entrée de la grotte, le ciel était couvert et bas et elle n'avait pas vu grand chose. Aujourd'hui, le soleil brillait dans un ciel absent de tout nuage, et elle pouvait enfin admirer ce qui entourait la grotte. En fait, la grotte était située dans le flanc d'une colline qui surplombait toute la vallée ! Son pays était tout de même magnifique, pensa t'elle à la vue de ce spectacle.

Elle pouvait voir à perte de vue et plus bas dans la vallée s'apercevaient encore de la brume par touffes, faisant ressembler le tout à un océan dans lequel de la végétation crevait la surface par endroit. Ehluine n'avait jamais vu d'océan, la plus grande étendue liquide qu'elle connaissait était l'étang dans lequel elle avait appris à nager quelques années auparavant.

Du bruit se fit entendre à son côté, elle se retourna et vit le semi-nain marcher difficilement à l'entrée de la grotte.

Vous ne devriez pas encore essayer de marcher ! lui lança t'elle en allant le soutenir pour qu'il puisse sortir en plein air.

L'air me fera du bien, lui répondit-il en grimaçant sous la douleur.

Il s'assit sur la corniche en sortie de la grotte. Ehluine alla chercher quelque chose à manger dans la grotte et ils prirent leur petit déjeuner en silence en profitant de la vue. A un moment, ehluine coupa ce silence.

Est-ce là-bas que se trouve le village-frontière ? fit-elle en pointant du doigt l'horizon. On devinait dans la brume qui se levait progressivement quelques bâtisses. Elianor réfléchit quelques instants avant de lui répondre.

Hum ... je ne connais pas encore bien cet endroit, mais il me semble que
c'est bien lui. Le poste de garde doit se trouver derrière, à une heure de marche environ.

Elle continua :
Croyez vous qu'ils me laisseront sortir ? S'ils sont là pour garder mon pays d'intrusions étrangères, ca ne devrait pas les gêner que j'en sorte, non ?

Elianor répliqua :
Pourquoi veux-tu quitter ton pays ? Tu ne m'as pas encore raconté cela.

Ehluine lui expliqua alors son histoire, qu'elle voulait aller retrouver son cousin qui était parti sans la prévenir, et qu'elle avait décidé de partir, sans prévenir sa famille en dehors de son jeune frère.

Au vu de ta jeunesse, il est probable que tes parents ne sont pas d'accord avec ton départ à l'aventure. Ils ont sans doute prévenu le poste de garde et même si celui-ci est sans danger pour ta santé, je ne suis pas persuadé qu'ils te laisseront passer librement. Mais tu apprendras que le chemin le plus visible à nos yeux n'est pas toujours celui qui nous est destiné...

Ils se replongèrent dans leur pensées. Ehluine était finalement heureuse d'avoir rencontré quelqu'un à qui elle pouvait se confier et qui était prêt à répondre a ses questions telles qu'elles lui venaient.

Le reste de la journée, Elianor le passa allongé au soleil sur la corniche. Ehluine venait par moment pour voir comment son état évoluait, et elle remplaça le bandage de son torse à deux reprises, pour éviter que la blessure ne s'infecte. Elle ne s'était pas réellement améliorée, mais Ehluine était heureuse qu'au moins elle ne se soit pas aggravée.

Dans l'après-midi, Ehluine avait erré dans la forêt autour de leur grotte, et cela lui avait permis de repérer quelques plantes qui aideraient à la cicatrisation de la blessure d'Elianor. Elle était revenue après quelques heures, et avait trouvé le semi-nain à l'intérieur.

"Je cherchais la fraîcheur de la grotte, c'est devenu étouffant depuis quelques temps sur la corniche"

Ehluine sourit et alla poser les récoltes de sa journée près du feu que le semi-nain avait du ranimer depuis peu.

Pendant qu'Ehluine préparait les deux lapins qu'elle avait attrapé pour leur repas, elle lui posa des questions sur la culture du peuple nain et des différences avec les centaures. A un moment de son explication, Ehluine lui coupa la parole :

"Mais comment les huit pays avec les races séparées ont ils été créés ?"

Elianor eut un sourire devant les questions d'Ehluine qui arrivaient plus vite que lui-même pouvait penser.

"C'est une histoire complexe et beaucoup de détails sont dans l'ombre mais je vais essayer de te répondre au mieux. En fait, il y longtemps, tellement longtemps que personne ne sait bien a quelle date cela se situait, toutes les races vivaient ensemble dans tout ce pays. Pour simplifier, on peut dire qu'ils habitaient chacun selon un habitat particulier.

Par exemple, les orcs et trolls peuplaient les montagnes qu'ils habitent toujours aujourd'hui. Le peuple nain vivait dans des villages à flanc de montagne. On pouvait trouver des elfes et des félys dans presque toute forêt suffisamment importante. Les saurus étaient bien adaptés au climat désertiques et la plupart avaient construit des habitations troglodytes au coeur de nos déserts du sud..."

Elianor se tourna et grimaça car sa blessure le faisait souffrir.

"Hum ... et les humains et centaures occupaient la plupart des plaines, en communautés séparées, mais non hostiles. Chacun avait ses propres villages et vivait sans subir la présence des autres. Les échanges étaient fréquents d'ailleurs entre la plupart de toutes ces races, échanges commerciaux et culturels aussi. Pour te donner un exemple, un humain voulant devenir forgeron aurait très bien pu en ces temps-là aller accomplir son apprentissage chez un peuple nain, devant bien sur s'habituer à leurs coutumes le temps de son séjour."

Ehluine écoutait attentivement et en même temps elle enfila les morceaux de viande sur trois branches solides et les plaça sur le feu.

Elianor reprit son récit alors qu'Ehluine tournait les lapins d'une main adroite au dessus du feu.

Et puis, la discorde s'insinua entre plusieurs races. Cette partie de l'histoire est floue et il y a presque une version différente de l'histoire par race tu sais. Selon les nains, par exemple, tout démarra lorsque des voyageurs nains disparurent près des terres des orcs et trolls. La version Centaure, je ne la connais pas. On te l'as peut être racontée lorsque tu étais plus petite ?

Ehluine chercha dans sa mémoire à la recherche d'une histoire qu'elle aurait pu entendre à propos des terres à l'extérieur de sa vallée, mais elle ne se rappelait rien qui parlait de la discorde entre les races. Elle hocha la tête de dépit.

Cela n'a pas d'importance. En tout cas, les différentes races commencèrent à se méfier les unes des autres et petit à petit, les échanges se firent plus rares entre elles. Les personnes qui étaient en présence minoritaire dans une région principalement peuplée par une race dominante partirent ou furent chassées... Les choses furent si mauvaises que pendant plusieurs décennies, de nombreuses batailles avaient lieu aux frontières. Quelque fois, plusieurs peuples s'alliaient, par exemple les centaures avec les elfes pour attaquer des orcs, mais cela était très rare car plus aucune personne de race différente ne se faisait confiance.

Elianor s'arrêta pour accepter une des branches solide que lui tendait la jeune centaure, et qui portait un lapin cuit à point. Il mangèrent et pendant quelques minutes, seul le son de la mastication se fit entendre.

Elianor reprit son récit et il lui conta comment tout avait culminé avec ce que beaucoup appelaient "la bataille des huit races", une bataille dont l'issue devait déterminer qui dominerait le monde, et qui serait le maître des autres. Cette bataille dura cinq jours et quatre nuits et ne se solda par aucune victoire, uniquement des dizaines de milliers de morts et de blessés... Après ce sanglant affrontement, le champ de bataille et toute la région autour fut totalement abandonnés et chaque race créa un ilot complètement séparé et bien défendu, en général par une frontière naturelle difficilement franchissable permettant de la défendre très facilement.

Elianor conclut son histoire

C'est ainsi que furent crées les huit pays avec les races séparées dont Centauria ou nous nous trouvons fait partie. L'endroit où a eu lieu la bataille des huits races se trouve à l'exterieur. Beaucoup disent que c'est le lieu que l'on nomme aujourd'hui le cimetière de Barla. Plus personne n'y est entérré car ce lieu est dit maudit, hanté par les esprits des combattants morts lors de cette bataille.